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Nosfell
par Djinax le 09-10-2009

Nosfell nous revient cette année avec une double actualité : son 3ème album enregistré avec Alain Johannes de Queens of the Stone Age et un livre disque nommé "Le lac aux Vélies". Entrevue avec cet artiste attachant et à la très grande imagination.


Comment ton monde, le Klokochazia, évolue dans ce nouvel album et quels sont les liens avec les 2 précédents?

Nosfell : Pour moi, ce disque met en avant certains éléments des personnages comme leurs schémas psychologiques qui me manquaient pour les définir complètement. Sur le point des histoires, ce disque me sert à ça, les chansons s’imbriquent avec celles des 2 premiers. Dans ma tête, il y a des choses qui sont en train de se résoudre par rapport à ses personnages. Naturellement, il y a d’autres parties de leurs vies, d’autres histoires qui ressortent avec des personnages que j’ai simplement évoqué ou dont je n’ai pas du tout parlé. Cela me donne plus de matière pour pouvoir en parler et je pense que ça va de paire avec ce qu’on a décidé de faire musicalement.


Avais-tu une vue d’ensemble de l’histoire que tu allais développer ?

J’ai fait ça un peu comme un auteur, j’avais une idée assez précise de ce que je voulais faire et j’imaginais que ça allait s’étendre sur beaucoup plus d’albums et cela s’est réduit à 3. Mais ça ne se termine pas, c’est cette partie de l’histoire qui se raconte avec ces 3 opus. C’est à la fois comme si je me gardais du mou pour avancer et il y a en même temps des éléments que je mettais de coté car je ne savais pas en parler. L’outil album me permet de partir en digression. On a fait des disques qui s’écoutent comme des compils de morceaux. Ils ont un fil conducteur mais il n’y avait pas vraiment de narration à proprement parler.


Ces 3 albums sont donc l’aboutissement d’un cycle mais pas rapport à quoi dans l’histoire ?

Par rapport à une partie de l’histoire du Klokochazia et puis surtout par rapport aux caractères des personnages que j’arrive mieux à cerner parce qu’évidemment ils font partis de moi. J’ai besoin de savoir comment raconter ses personnages sans me raconter moi. (rires) Je pense toujours à un livre qui m’avait beaucoup marqué quand j’étais adolescent, c’est « Le lac » de Yasunari Kawabata. J’avais lu la biographie de cet auteur avant le livre et les éléments s’imbriquaient naturellement, les personnages de ce livre représentaient clairement les différentes facettes de ce qu’était Yasunari Kawabata.


Cet album à une connotation plus rock et brute que les précédents, c’était vraiment une volonté de ta part ?

Ça s’est fait naturellement, la tournée du 2ème disque était plus rock avec notamment la batterie qui est intervenue. En fait, à l’époque on avait fait les batteries nous-mêmes avec Pierre et au début de la tournée, c’était William Lopez, notre ingénieur son retours qui venait faire la batterie. Puis Orkhan Murat était disponible et il l’a remplacé, on a répété d’autres morceaux avec lui et a il fait des arrangements. Puis quand il a été question de faire le 3ème disque, Orkhan s’est naturellement imbriqué dans l’histoire.


Le projet Nosfell ressemble de plus en plus à un groupe. Comment avez-vous évolué et comment toi, Pierre tu te positionnes dans cet univers ?

Pierre : Je me positionne toujours de la même façon, toujours à coté. On a toujours aimé dissocier la musique et l’univers de Klokochazia pour pouvoir être libre avec ce projet car sur le papier, il parait très enfermé et exclusif. Sur ce 3ème disque et avec en plus, le livre disque que l’on a fait en même temps, donc le fait de travailler avec une matière acoustique assez dense qu’étais l’orchestre, on eu aussi l’envie de chercher une matière rock et acide que l’on travaillait en concert depuis quelques mois. Avec Nosfell, on a un grand jeu de question réponse entre ses histoires, les émotions qu’elles ont et le fait qu’ensemble nous n’avons pas peur de faire des ballades folks comme des choses world ou rock. Finalement au départ on nous reprochait d’aller un peu trop dans tous les sens, on a préféré l’assumer complètement afin de faire comprendre que notre projet ne se définit pas par un seul style de musique mais par l’envie de personnes qui ont envie d’explorer énormément de musiques et de choses. On a toujours dit qu’on aimait manger de la musique et en écouter beaucoup, on aime aussi s’autoriser avec ce projet, toutes les musiques qu’on veut. L’année qui a passée où on n’a pas du tout tourné, on a quand même trouvé le moyen de faire une création free jazz ou ce projet avec l’orchestre symphonique. C’est important pour nous de continuer à aller partout et au final, on ne veut plus que ce soit un reproche mais que ça nous définisse, avec des choses très légères et très denses.


Vous avez enregistré avec Alain Johannes (le producteur et bassiste de Queen of the Stone Age). J’imagine que c’était un rêve pour vous de travailler avec lui, comment s’est passé la rencontre ?

Nosfell : J’ai rencontré AIain à la fin d’un concert des Queens of the Stone Age en 2006. On a discuté et j’ai rencontré un homme charmant qui est passionné de cinéma français et qui parle français. Puis à un moment donné, le directeur artistique de Polydor nous a proposé de travailler avec un réalisateur pour ce disque, ce qui nous semblait cohérent car on avait fait le premier tout seul, et le second, mixé par Dominique Brusson. Donc pour le 3ème disque, c’était intéressant de voir comment quelqu’un pouvait travailler avec nous à la base, dès les prises de son. J’ai pensé à Alain mais j’ai fait une liste de 2 ou 3 personnes pour des histoires de planning et il se trouve que j’ai eu la chance qu’on me paye le billet d’avion pour aller demander à Alain s’il voulait bien travailler avec moi, c’est sympa et pas trop dans l’air du temps. Je suis donc allé à Los Angeles, je lui ai fait écouter les maquettes et on a regardé des vidéos de groupes qu’on aimait sur Internet. J’ai découvert un type passionné de musique, il a beaucoup d’instruments chez lui et de tous les pays. C’est un dingue de musique baroque, indienne, contemporaine et classique. Son travail avec les Queens of the Stone Age est intéressant car c’est un peu le papa de tout le monde, il fait un peu le ciment entre tous les musiciens. Il résout également beaucoup de problèmes car il est très cool et hyper inventif. Il a énormément de connaissances et il fait tout le temps de la musique et du son, comme un gamin dans sa chambre. C’est d’ailleurs chez lui qu’on a travaillé. La batterie dans le patio, les amplis guitare dans la chambre à coucher… Il y a tout de suite eu une fascination car on a toujours travaillé en étant dans des maisons et on s’est dit qu’on aimerait bien être comme Alain (rires). Il y a eu un peu un phénomène de transmission, de paternel. Il avait le temps et l’envie donc pour nous c’était évident que ce soit lui.


Tu savais que l’album allait tiré vers des sonorités un peu stoner avant d’aller chez lui ou c’est vraiment à Los Angeles que ça c’est joué ?

J’avais écrit quelques chansons avant d’aller là-bas et c’est vrai que musicalement j’ai gardé beaucoup de chansons où il y avait des riffs de guitare. Je savais qu’au niveau des fréquences c’était cohérent d’aller voir ce mec là car quand on écoute Queens, on a des rapports fréquentiels très intéressant au niveau de la production, on a une voix toujours mise en avant, souvent un peu aigu, très chaleureuse et beaucoup de bas medium. Il n’y a pas de grave, et nous on est toujours là-dedans avec le violoncelle, la voix, une guitare très acide ou folk et très piquante… On a souvent travaillé dans ses fréquences donc il y avait des résonances avec le son d’Alain et ce qu’on voulait faire donc on s’est un peu laissé faire. Quand je faisais un riff de guitare, il mettait le canal saturé, un delay dans un ampli et on avait de suite un son énorme. Ça me plaisait et en même temps, il y a dans l’album, des sons de violoncelle qu’on n’avait jamais eu et qui sont très naturels.


Au niveau des featurings, tu te payes le luxe d’inviter Brody Dalle, Josh Homme et Daniel Darc. Comment cela s’est déroulé ?

Nosfell : Pour Brody Dalle, elle est passé un jour chez Alain et il lui a fait écouté ce qu’on faisait. Elle a bien aimé donc je lui ai proposé de venir chanter. Josh Homme est le mari de Brody, donc ça c’est fait naturellement. Je suis très content car c’est la première fois qu’ils sont ensemble sur un morceau et c’est sur mon album. Pour Daniel Darc, Pierre, jouait avec lui depuis un an et demi.
Pierre : Il y avait une volonté de rencontre entre Nosfell et Daniel Darc qui est venue un peu d’elle-même. On est très admiratif de Daniel, de son travail, d’où il vient et de ce qu’il a réussi à créer. C’est quelqu’un de très fort spirituellement et ça nous semblait évident de travailler avec lui.
Nosfell : Pour cet album, j’avais d’abord écrit les textes en français pour aller sur la musique puis je les ai traduis dans mon langage. Mais je ne pouvais plus les chanter car ça ne collais plus donc j’ai réécris les musiques avec Pierre. Mais cette chanson là, je ne l’ai pas traduite, non pas par fainéantise mais parce que j’aimais bien la jouer et je pensais beaucoup à Daniel, je lui ai donc proposé et il accepté et j’en suis très heureux.


Au niveau de la composition de cet album, combien de temps as-tu pris ?

Nosfell : La composition s’est faite en deux temps, je me suis d’abord enfermé avec Edouard Bonan, qui est un ami d’enfance et qui fait le son avec nous. J’ai fait des maquettes avec des morceaux guitares /voix, j’ai fait écouté à Pierre et il a proposé d’autres grilles d’accords, des harmonies différentes, une mélodie en plus… pour étoffer la composition. Après on s’est enfermé tous les 3 avec Orkhan et on a essayé de mettre en place des grooves et des choses rythmiques. Donc ça c’est fait de Février à Novembre 2008 et l’enregistrement a duré un mois entier.


Sur l’album, la chanson « Avadenlis » est un peu à part, elle résume un peu ton univers très varié..

Oui, c’est une chanson que j’ai faite comme le final du « Lac aux Vélies » , c'est-à-dire que je l’ai faite à la guitare, j’ai imaginé les parties et je l’ai montré après à Pierre. Pour le final du « lac », Pierre avait déjà une grille d’accord avec un arpège au début. Et finalement, le processus c’est fait de la même manière pour « Avadenlis ». Je voulais que le final ait une sorte de résonance vu qu’elles sortaient en même temps. Je voulais qu’il y ait quelque chose d’un peu orchestral avec des parties épiques et que les textes clos vraiment l’histoire. Je voulais que les manières d’écrire le morceau soient liées.


Justement, tu peux nous parler de ce livre disque "Le Lac aux Vélies". D’où est née cette idée ?

Je connaissais le travail de Ludovic Debeurme, qui est l’illustrateur du livre. J’étais très touché par son travail car je trouve qu’il a une grande virtuosité mais le plus important c’est que c’est un grand compositeur d’images, c'est-à-dire qu’il est très sensible aux images. Je l’ai vu par exemple découper des photos de films dans un journal, où effectivement l’image prise en dehors du contexte est très forte. Il emmagasine comme ça beaucoup de choses et son subconscient le fait créer des images très psychanalytiques où rien n’est gratuit. Son dessin reste très humain et même humaniste. Par exemple, quand on voit sur le livre, le dessin des corps, il y a une grande acceptation de soi en temps qu’objet, en tant que matière. Tout est lié à la fois avec un environnement social et organique, très proche de la nature. En plus, il est capable d’aller dans plusieurs techniques de dessins. Et quand il m’a dit, qu’il avait écouté mon 2ème album en boucle pour faire Son dernier livre « Le grand autre », j’étais très touché. Donc moi j’avais cette histoire qui regroupait beaucoup d’éléments du premier et du second disque et j’ai voulu les remettre dans l’ordre pour l’histoire du « Lac aux vélies » afin de résoudre une équation narrative. On a écris d’autres musiques avec Pierre pour faire un peu le ciment mais l’idée, c’était de remettre dans l’ordre les choses et expliquer pourquoi ces chansons existaient. Elles existent car elles s’inscrivent dans l’histoire bien précise du « Lac aux vélies », plus précisément la naissance de Günel. Donc j’ai passé beaucoup de temps à lui raconter l’histoire car je sais inventer une histoire mais je ne sais pas l’écrire. Il prenait des notes et ça a duré 9 mois, car c’était assez dur de tout raconter donc on a mis des annexes au milieu du livre. Ça lui a permis de mieux comprendre le caractère des personnages et d’être plus impliqué dans le dessin mais aussi dans la forme de l’histoire. On en est venu à vouloir donner au livre une forme qui est plus proche des gravures à l’ancienne où le personnage principal qui est Günel n’a pas la même tête d’un dessin à l’autre. Ludovic dit que c’est un peu comme à l’époque où on racontait ce qu’était un lion, c’était une sorte de bête incroyable dessinée comme un gros chat car on ne savait pas ce que c’était. On a voulu faire un peu référence à cette façon de raconter l’histoire, de la figer.


Avec tout ce travail visuel qu’il y a eu, prévoies-tu un clip ?

Cela n’ai jamais évident, je n’ai pas du tout de connaissance là-dedans, je ne suis pas du tout autonome sur l’image. Tout le travail effectué est basé sur des rencontres, donc si un jour, on rencontre un vidéaste et que ça fonctionne, on le ferra.


Et pour cette tournée, tu prévois de jouer des morceaux du « Lac aux vélies » ?

Il y a des morceaux qui sont sur le « Lac aux vélies » et qui sont également sur mon 1er et 2nd disque où on a fait des arrangements différents en trio. Mais l’orchestration du « Lac aux vélies » faite par Pierre est difficile à réaliser en live car il y avait 38 musiciens (rires). Il y a aussi des chœurs qui chantent donc c’est difficile de faire ressortir la même énergie.


Y aura-t-il une suite du « Lac aux vélies » ?

J’aimerais bien, en tout cas il y a de la matière pour le faire. L’éditeur, Futuropolis avec qui on a fait le bouquin et même Polydor qui a accepté de produire les 2 disques en même temps, pour eux, c’est toujours un pari, donc ce n’est pas évident. On a la chance de travailler avec des gens qui nous font confiance donc il faut être digne de ça, peut-être qu’on aura l’occasion de le faire, on ne sait pas. En tout cas, on a envie, il y a pleins de désires.


Comment imagines-tu ton prochain album ? Toujours imprégné par ce monde ?

Je n’aime pas trop en parler car je ne sais pas trop si ça fera, mais j’aimerais bien essayer de faire un double album avec un travail sur le langage, peut-être bilingue et de voir comment un langage à un moment donné peut avoir une forme de musicalité, avec beaucoup d’harmonies, comment la musique peut se traduire avec le langage. Peut-être que ce sera ça.


Et j’ai entendu dire que peut-être ce sera avec Alain ?

Ah bon ? (rires). Oui peut-être, il n’était pas contre en tout cas. Je suis revenu chez lui pour garder sa maison et son chien car il partait pour enregistrer les Arctic Monkeys. Et je lui disais que j’aimerais bien faire quelque chose de plus acoustique pour la suite. Et il me dit de suite, qu’on pourrait mettre Orkhan ici, Pierre là…. Donc là je lui demande s’il veut le faire avec nous ? Et il me répond, « Ben oui, je veux vous enregistrer jusqu’à ce que vous en ayez marre de moi ». Donc ça fait plaisir, c’est encourageant en tout cas.


Et pour cette tournée, il y a d’autres pays de prévus ? Vu que pour ton premier album, tu tournais déjà au Japon…

Oui je tournais au Japon mais dans de toutes petites salles. On y travaille, l’étranger, je n’y crois pas tant que je ne suis pas sur scène, prêt à jouer car ça peut s’annuler à la dernière minute. Là aussi, il y a beaucoup d’envie.


Comment vois-tu ton univers ?

Cet endroit me vient de l’enfance, à un moment donné cela m’a permis de m’isoler et en vieillissant, cela me permet d’être beaucoup plus perméable à l’univers réel. C’est un endroit qui est lié à mon imaginaire et qui peut par certains aspects être douloureux, mais j’aime y aller pour mieux revenir à la réalité. Ça me donne mon équilibre !


Plus d'infos sur: www.nosfell.com

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