Chronique d'une mort annoncée...

Soil. Nu Metal. Mort. Trois mots pour résumer un style musical passé de mode qui n'en finit pas de mourir, pour renaître de ses cendres de manière éphémère et re-mourir à nouveau… et ça fait pas loin de dix ans que ça dure, tout ça !
Et ça fait pas loin de dix ans que Soil tente d'exister et de s'inscrire durablement au sein de la scène (Nu) Metal internationale, malgré les coups durs (le départ du chanteur Ryan McCombs, des changements de labels…) et des albums en dents de scie bien foutus, mais ultra formatés comme "True Self" ou le récent "Picture Perfect".
Bref, Soil cristallise malgré lui toutes les tares du Nu Metal et n'arrive pas à se sortir de cette étiquette pesante qui lui colle trop à la peau et ce, malgré toutes ses bonnes intentions et le récent retour de McCombs derrière le micro après son passage chez Drowning Pool.

Alors comment tirer son épingle du jeu et s'affranchir de toutes contraintes artistiques pour cette année 2013 ?
A cette difficile question, Soil a opté pour une décision radicale : se passer d'un label en amont pour travailler sur son nouvel album, "Whole", en totale autoproduction pour "plus de liberté" et opter ensuite pour une distribution via AFM Records et Pavement Entertainment. Une solution judicieuse ? Peut-être… ou pas.

Ryan McCombs, chanteur prodigue

Souvenez-vous : il y a peu, Soil nous sortait en avant-première le single "Shine On" pour tâter le terrain et pour permettre aux fans de se rappeler au bon souvenir du combo. Et contre toute attente, le morceau a reçu un excellent accueil de la part du public (à moins que ce soit l'engouement des fans de la première heure pour le retour de Ryan McCombs ?) et force est de constater que l'ensemble tient super bien la route.
A ce titre, le gratteux Adam Zadel annonçait à qui voulait bien l'entendre que la mise en chantier de "Whole", débutée en février 2013 s'était bien déroulée et que tout s'était fait de manière naturelle…
Et ça s'entend ! On sent clairement que Soil est à l'aise dans ses petits chaussons et que le groupe déroule "tranquillement" sa musique, parfaitement acérée ("Ugly", "Way Gone" ou bien "Little Liar").
Mais à la longue, les amerloques retombent dans leurs vieux travers et claquent leurs compositions sur quasiment le même schéma ("My Time", "Wake Up"). C'est sûr que ça sonne bien, mais bon, le cœur de cible de la musique de Soil est en droit de renouveau, meeeeeeerde !

Comme un Tampax !

Auréolé – encore une fois – d'une production surpuissante en acier trempé signée par Ulrich Wild (Pantera) qui avait déjà travaillé sur "True Self" (2006) et "Picture Perfect" (2009), "Whole" possède toutes les caractéristiques du disque préformaté pour les radio US et les kids avec ses riffs assassins et ses attaques en forme d'uppercut ("The Hate Song", "Loaded Gun", "Way Gone"…). En un mot, ça défouraille sévère, mais putain, qu'est ce que ça sonne creux ! Ça sonne creux, car tout est cousu de fil blanc, mais d'un fil blanc épais comme un Tampax acheté en promo chez Lidl par pack de vingt.
Malgré tout, il y a quelques facettes sympas ici et là comme "Psychopath" avec ou bien "Amalgamation", titre dans lequel Ryan McCombs mixe des écrits prévus pour Drowning Pool et pour Soil (ça semble un peu bâtard, comme ça, sur le papier, mais le rendu est bien cool), mais c'est peu à se mettre sous la dent par rapport à l'ensemble de "Whole" bien trop peu original et dispensable…
Pourtant, on sent que le chanteur prodigue est bien en forme, mais son retour dans le groupe tombe paradoxalement comme un cheveu sur la soupe, tant le travail d'AJ Cavalier pendant toutes les difficiles dernière années semble avoir été mis entre parenthèse au travers de ce nouveau disque. Reculer pour mieux sauter ? Mouais…

Tu y comprends quelques chose, toi ?

En fait, le point faibles de Soil, c'est que le groupe n'est pas toujours cohérent avec lui-même, si bien qu'on a l'impression qu'il ne sait jamais sur quel pied danser. Le départ / retour de Ryan est assez parlant du point de vu artistique. De même, c'est Will Hunt de Black Label Society qui s'est chargé de jouer de la batterie et d'apporter ses idées sur "Whole", alors que l'excellent Mitch Gable qui a accompagné le groupe suite au départ de Tom Schofield en 2010 semblait être le batteur officiel…
De fait, on ne sait pas si Mitch fait toujours partie de Soil ou s'il est juste tabasseur de fûts pendant les tournées. Ça voudrait alors dire que Will Hunt est officiellement intégré au sein du combo ? Rien n'est moins sûr.
Bref, on y comprend rien et ça n'arrange pas les affaires des américains car, au final, toutes ces tergiversations nous emmerdent plus qu'autre chose…

En définitive, malgré un "Whole" pétri de bonnes intentions et de remarquables idées malheureusement pas toujours exploitées jusqu'au bout, Soil nous ressert (inconsciemment ?) le même type de disque, alors même qu'il a essayé de changer sa propre recette. Ça sent toujours le réchauffé sans trop de cohésion.
C'est dommage, car comme d'habitude, tout est maîtrisé, tout est peaufiné à l'extrême, mais tout est (encore) trop convenu pour véritablement convaincre, marquer les esprits et remettre la bande à Adam Zadel sur les "bons" rails...
Soil. Nu Metal. Mort.


Tracklist
1.Loaded Gun
2.The Hate Song
3.Ugly
4.Way Gone
5.Psychopath
6.Shine On
7.Wake Up
8.Amalgamation
9.My Time
10.Little Liar
11.One Love