Qu'on le veuille ou non, les toulousains d'Alea Jacta Est ne cessent de monter en puissance grâce à des prestations live plus que sulfureuses un peu partout sur les scènes de France et de Navarre, ainsi qu'à une notoriété de plus en plus grandissante, si bien que le groupe s'est d'ores et déjà placé comme le fer de lance du hardcore made in Toulouse, alors même que ses débuts ne datent que de 2006. Après une excellente première démo et un split avec Fat Ass assez moyen, voilà que les toulousains reviennent en force avec un premier album "Gloria Victis" chez Useless Pride qui ne manquera pas de faire des victimes…

En effet, à la manière de Chuck Norris qui tatane la gueule à ces enculés de communistes, d'un Steven Seagall qui casse des bras aux connards de terroristes ou d'un Bud Spencer qui assomme les vilains bandits de son coup de point rageur sur la tête, Alea Jacta Est va enchaîner les brûlots hardcore nerveux et nous mettre à genoux en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Même s'il est clair que le hardcore brutal des toulousains reste assez classique dans son approche avec son lot de mosh pits, de 2 steps et de chœurs fédérateurs, la recette fait mouche et la machine tourne à plein régime ! "Gloria Victis" décolle les papiers peints du mur et n'est pas loin de nous repousser dans nos derniers retranchements tellement l'énergie primaire qui en ressort est impressionnante ("Tod ay You Die", "Morituri Te Salutant", "KIss Defeat Goodbye")

Pourtant, Alea Jacta Est ne va jamais trop s'aventurer hors des sentiers battus puisqu'on aura droit aux sempiternels samples de cinéma d'action (nanards ?) au travers des morceaux, avec en vrac "Le Maître De Guerre", "Gladiateur" (pas nanards), "Last Action Hero", "Demolition Man" (nanards !), des featurings avec Gerardo (Nueva Etica, Mostomalta) sur "Volveremos" ou Guigui / John de Through My Eyes sur "Behind Your Smile" (Vincent avait d'ailleurs été invité sur le premier EP de TME, "Blinded By Hatred") et les classiques auto congratulations "Toulouse hardcore riiipriiizeeeêênt" et le fameux "Toulouse bra bra braaa" déjà entendu chez TME (encore eux !)
Mais la formidable patate qui en ressort et qui transpire la sincérité à plein nez va gommer tous les défauts et nous faire saigner les oreilles. Et c'est cette dynamique là, qui va faire toute la singularité de "Gloria Victis".
Si Chuck Norris jouerait dans un groupe de HxC, il serait sans discussion dans Alea Jacta Est !
Mais loin de partir dans la surenchère sonore et violente comme le ferait ce bon vieux Chuck au bon temps de "Portés Disparus", le quintet va avoir l'intelligence d'amener ses morceaux à maturation en ménageant ses effets et en développant des attaques bien senties ("Nice Words No Truth", "Nothing Here For Me"). Un peu comme le Chuck dans "Texas Walker Rangers" qui réfléchit (un peu) avant de faire ses high kicks, quoi.

Bien sûr, Alea Jacta Est reste dans un sillon hardcore qui a du mal à se renouveler, mais le groupe va amener pas mal de fraîcheur au matériau de base (le HxC donc) pour lui donner une nouvelle impulsion avec ce "Gloria Victis" haut en couleur. Pour ce faire, les toulousains vont déployer l'artillerie lourde avec des riffs ultra puissants ("No Sooner Born Than Dead", "Today You Die") et surtout une rythmique en acier trempé carrée de chez carrée. Il faut dire que derrière les fûts, Eric (Krank !) est loin d'être un manchot. Le tabasseur de fûts va nous faire un étalage de son savoir faire et saupoudrer les compositions de plans assez chiés (polyrythmies, breaks nerveux…) et d'une remarquable efficacité.
Devant, le chant hurlé de Vincent va laisser des traces dans le pantalon avec ses approches viscérales et intenses ("The Die Is Cast", "You Make Me Stronger"). Une déclaration de guerre !
Mis en boîte par Laurent (Drawers) au Bringer Studio (8Control, Nolentia, Drawers, Through My Eyes…), ce massif "Gloria Victis" ne va souffrir d'aucun défaut et se définir comme un gros coup de boule sonore qui fait mal.
Ainsi, l'excellente production va donner énormément de relief à l'ensemble et capter à merveille les ambiances hargneuse et combatives d'Alea Jacta Est. Mais loin d'être trop propret l'enregistrement va garder pas mal de grain (toutes les pistes n'ont pas été nettoyées) afin de donner au disque un côté rugueux parfaitement bien géré. La réputation de Laurent qui se pose de plus en plus comme "le Ross Robinson du hardcore" dans la région toulousaine tant son travail est réputé prend ici toute sa mesure…
Alea Jacta Est n'a donc pas raté son entrée fracassante avec ce dépucelage du full lenght !
Le meilleur reste à venir…

Je me souviens avoir dit au début des 90's que Punish Yourself ne marcherait jamais, en 1995 que Jospin allait passer sans problème face à un Balladur qui prendrait la place de Chirac, que Guivarch' marquerait au moins 10 buts pour le mondial de 1998 et récemment que Domenech allait sauver les bleus…
Cette fois-ci je le dis haut et fort : Alea Jacta Est ne passera pas l'hiver ! (ahaha !)
Non sans déconner, on tient là l'album hardcore de l'année ! "Gloria Victis" est une pure tuerie qu'il faut se procurer d'urgence !

Tracklist
1. Morituri Te Salutant
2. No Sooner Born Than Dead
3. Nothing Here For Me
4. Today You Die
5. Behind Your Smile
6. The Die Is Cast
7. Nice Words No Truth
8. You Make Me Stronger
9. Volveremos
10. Kiss Defeat Goodbye