"In Recoil", deuxième album des francilliens de DustBowl, est une très bonne surprise, le fruit d’un très gros travail et de beaucoup de passion bref, un très bon disque !

Quel curieux destin que celui qui me lie à DustBowl ! Il y a un an et demi, je chroniquais de façon peu enthousiaste "Drops Of Chaos" le premier opus du groupe. Suite à cet article, le combo m’invitait à venir constater qu’en live, sa musique était autrement plus consistante (ce qui est effectivement le cas). Depuis, j’ai gardé contact avec eux et suivi pas à pas la conception puis l’enregistrement (au Studio de la Tour Fine) de ce "In Recoil", avec ses périodes euphoriques, de doute, les soucis techniques, les impératifs de timing, mais toujours la détermination qui pousse à aller de l’avant et à surmonter tous les problèmes.
A force de suivre le cheminement de cette galette, l’impatience de découvrir le résultat final grandissait, teintée d’une légère angoisse liée à la crainte de ne pas accrocher plus que pour le précédent CD.
Aussi, lorsque le cd promo est arrivé, c’est fébrilement que j’enfournai la rondelle dans le lecteur en montant bien le son pour découvrir le bébé. Et là BAAAMMM ! Direct, Ze claque dans la tronche ! "Irony" déboule en ligne droite, toutes guitares en avant, et soutenue par une rythmique qui pilonne joyeusement. Au bout de trente secondes, j’ai déjà plus kiffé que sur tout "Drops…" ! Ce titre est un pur hit, avec un Guillaume qui (et ce sera le cas pendant tout l’album) module beaucoup sa façon de chanter. Jacob Hansen a également fait un gros boulot lors du mastering et le son est franchement impressionnant de clarté et de puissance.
"Starblossom" qui succède est…un pur hit ! Comment ça je l’ai déjà dit ? Mais ce n’est pas de ma faute si DustBowl semble avoir trouvé le chaînon manquant de sa musique, à savoir des mélodies hyper efficaces. Vous rajoutez à cela une batterie omniprésente (Steph se lâche vraiment et la double pédale chauffe souvent) et des samples et des loops très bien intégrés (mais qui ne prennent pas le pas sur les chansons) et vous obtenez une sorte de monstre hybride comment dire, du…euh… mais oui, du HEAVY COLD ROCK !
En fait, le combo n’a pas énormément changé sur le fond, la musique est toujours assez mélancolique, esthétique, avec une alternance de passages éthérés et plus furieux le tout agrémenté de bidouillages électroniques. Mais c’est sur la forme qu’il a franchi plusieurs paliers d’un coup en allant à l’essentiel et en poussant chaque élément le plus loin possible. Les parties calmes sont presque intimistes, mais quand ça cogne, ça ne fait pas semblant. Du coup, là où "Drops…" semblait terne, "In Recoil" est un océan de contraste qui emporte l’auditeur et ne le lâche pas.
Le seul gros changement, c’est l’arrivée de growls ça et là, des touches de barbarie au milieu d’un paysage de beauté qui tranchent de la meilleure des manières. Le plus bel exemple étant "Thou Shalt Suffer" (sur laquelle Manuel Munoz de The Old Dead Tree vient beugler la chansonnette).
J’avoue que ces quatre premières chansons m’ont véritablement collé au mur. Mais quatre titres sur 12, ça ne fait pas tout un disque. N’allais-je pas sombrer dans la routine avec la suite ? Et bien là encore, la réponse de Dustbowl est sans appel. Et je tire mon chapeau à Guillaume qui réalise une prestation de tout premier ordre mêlant émotion et puissance. Un chant qui se met au service de chaque chanson. Des lignes mélodiques très bien trouvées et qui font mouche à tous les coups. Le son aussi est plus varié (y compris à la basse), avec une multitude d’influences qui se croisent sans jamais tomber dans le plagiat. Finie l’omniprésente ombre de Paradise Lost. Désormais, planent aussi les ectoplasmes de NIN, de Ramnstein ("Dust Collector"), Radiohead etc.
Que dire aussi de la richesse des guitares de Julien et Nicolas ?Pas de shred dans tous les sens, mais une complémentarité de tous les instants et une grande diversité, illustrée dans le morceau "Versus", où murs de guitares, riffs de bûcherons et notes égrainées délicatement s’entremêlent avec une efficacité redoutable.
Pour que le spectacle soit complet, vous ajoutez quelques voies féminines, des arrangements fins (un hautbois par ci, une nappe de synthé par là).
J’ai beau prendre ce "In Recoil" par tous les bouts, je n’arrive pas à lui trouver de faiblesse, et surtout il devient, écoute après écoute, de plus en plus obsédant ! Et pourtant, c’est un mec élevé à Maiden AC/DC et Motorhead qui vous dit ça !
"Nowadays Lament" est une autre monstruosité qui file des frissons tout comme "Forever Silent" qui clôt le disque.

Donc, vous l’avez compris, ce disque est énorme du début à la fin. Avec une cohérence incroyable tout en proposant des émotions variées, Dustbowl vient de nous pondre LA perle ! Même s’il est encore trop tôt pour parler de disque de l’année, il est clair que ce "In Recoil" devrait permettre au groupe de changer de catégorie. Achetez-le, c’est le meilleur rapport qualité-prix du moment, car à l’opposé des disques Kleenex qui font leur effet deux fois puis qu’on oublie, celui-là ne cessera de vous surprendre et de vous émouvoir au fil des écoutes (et j’en ai déjà bien trente au compteur).


Tracklist
1. Irony
2. Starblossom
3. Denials Attract Death
4. Thou Shalt Suffer
5. Losing Ground
6. Dust Collector
7. Versus
8. Lastwave
9. Nowadays Lament
10. Sacred Traces
11. When We Finally Fall
12. Forever Silent (Dalibor's Violin)