Il ne faudrait pas prendre Didier Wampas pour un con. Et ce pour deux raisons. Premièrement, c'est tout ce qu'il recherche. Deuxièmement, c'est tout ce qu'il n'est pas. Depuis toujours, et encore plus depuis le matraquage de leur single « Manu Chao », il est facile de cataloguer à la hâte les Wampas dans le répertoire des énièmes groupes de « musique festive et drôle donnant autant l'envie de rire et de faire la fête que l'interview d'un gamin en fauteuil roulant au Téléthon, au dernier stade de sa mucovicidose ». Dès le titre de l'album, le décor est planté : « Never trust a guy who after having been a punk is now playing electro ». Comme dirait Fabrice de La Classe, c'est tellement vrai. Mieux, le décor est planté dès que l'on aperçoit au loin , au détour d'un facing de Fnac une pochette volontairement hideuse, vert chiotte, avec une improbable écriture gothique en caractère 8412. On trouvera d'autres chansons que le single dans ce registre léger et zygomatiquement imparrable : « L'aquarium tactile », « Comme un Kenyan », « Pinochet fasciste, Giscard complice ». Sans y toucher, Didier y touche beaucoup, politique, société et surtout beaucoup d'histoires d'amours... Tout cela dépeint plutôt bien le petit jeu auquel jouent les Wampas depuis plus de dix ans. Le faux groupe à la con. La première écoute de l'album confirme cette impression : production impeccable, morceaux efficaces, calibrées, refrains accrocheurs, blagues pas si lourdes que ça, et surtout... des textes. Et oui les textes ! Si Didier Wampas savait que l'on parle de ces textes dans une chronique de Yezzi ! On y sent le recul faussement désabusé et faussement désinvolte du vieux punk à chien sur le retour. Ici ce serait plutôt le vrai vieux punk grand manitou qu'on écoute raconter ses psaumes après absorption de champignons stupéfiants. Didier Wampas, sous ses airs d'éternel gamin irresponsable, a parfaitement compris l'ambiance de ce début de siècle et s'en amuse. « J'ai vu ton nom sur la liste de droite aux élections, à la troisième place. J'ai dit à mon frère, il se sont trompés. Il m'a dit non, tu ne rêves pas, ce n'est plus la punkette que tu as aimée. » On se retrouve même espanté par la chanson « Les apprentis charcutiers » où les blagues se font rares, et les jeux de mots plus que sporadiques. L'ambiance est lourde, pesante, on touche au glauque. Piano entêtant. « Les apprentis charcutiers vont fumer en cachette pour oublier qu'un jour, ils seront charcutiers. » Tout est dit. Cet album des Wampas est à prendre à plusieurs degrés différents. En tout cas, pas seulement le premier. Vous passeriez à côté du seul groupe de punk-rock non ridicule en 2003, ce serait dommage.

Tracklist
1. Le Télégramme De Brest
2. Manu Chao
3. Comme Un Renyan
4. Je T'ai Donné Ma Vie
5. Little Daewoo
6. Toulouse
7. C.R.S.
8. Vol à Voile
9. Le Vélo Violet
10. Chocorêde
11. Giscard Complice
12. Les Apprentis Charcutiers
13. Country En Croatie
14. L'aquarium Tactile
15. Liste De Droite