Basé en Angleterre, Benga est aujourd’hui l’un des créateurs dubstep les plus reconnus. Son premier album sort dans les bacs au même moment que le second opus d’un des leaders de ce courant musical, le bien nommé Burial. Si vous avez quelques accointances avec le dub, la drum’n’bass, la techno, la science-fiction, le jazz cosmique, et les légendes urbaines, les lignes qui suivront devraient vous interpeller…

Plonger dans « Diary of an afro warrior » c’est comme traverser les époques de la musique électronique pour en prendre tout ce qu’il y a de plus corrosif, dansant, tourmenté et urbain, pour en distiller un savant mélange inoubliable. Il y a bien sûr un hommage évident aux pères du dub jamaïcain qu’ont été les King Tubby ou Lee Scratch Perry, grâce à des rythmiques syncopées, redondantes, où les basses monstrueuses explosent vos synapses. Mais on retrouve aussi un côté Amérique latine comme dans le morceau Night, des relents de série télévisée sous acide (Someone 20 me fait penser à K-2000 à chaque écoute !), et des diodes, pistons et autres boulons robotiques dans l’entêtant Go Tell Them.
Il ne surtout pas oublier ce côté abyssal, angoissant, noir comme les profondeurs des océans ou les tréfonds de nos âmes, qui nous entraîne toujours plus loin. Il y a un je ne sais quoi d’introspectif dans la musique concoctée par Benga qui nous révèle à nous même comme on n’ose plus se montrer : on oscille souvent entre une énergie frénétique et un désespoir profond, on ressent comme un spasme électrique qui nous parcourt le corps avec l’énergie du désespoir, tard, très tard dans la nuit.
Et ce qui fait la force de cet album c’est que la lassitude ne vient jamais, qu’on a toujours l’impression de le redécouvrir, que l’on ressent toujours cette envie d’onduler tout son corps et de laisser divaguer son esprit.

« Diary of an afro warrior » est une franche réussite, avec ce premier album Benga s’impose déjà comme l’un meneurs de la scène musicale UK d’aujourd’hui et de demain. Avec des petits bijoux d’inventivité comme celui-ci on peut prédire un avenir radieux à ce micmac culturel qu’est le dubstep.


Tracklist
1. Zero M2
2. Night - Benga & Coki
3. B4 The Dual
4. E Trips
5. Someone 20
6. Light Bulb
7. Crunked Up
8. Go Tell Them
9. Cut
10. Emotions
11. 3 Minutes
12. Pleasure
13. 26 Basslines
14. Loose Synths