Openightmare - Robert Sorti le 29-03-2014 - chroniqué le 15-08-2014 par Olga
"Robert". Six petites lettres pour un disque aussi dévastateur qu'une bombe nucléaire. Voilà comment on pourrait résumer la dernière offrande des Toulousains d'Openightmare, "Robert" sorti il y a à peine quelques semaines.
"Robert"… en voilà un drôle de (pré)nom pour un titre d'album, non ?
Les plus jouasses d'entre vous auront sans doute capté le subtil jeu de mots entre Robert Oppenheimer (l'heureux papa de la bombe atomique) et "Robert" d'Openightmare… Voilà, voilààààà…
Bon, passée la blague Carambar, passons au vif du sujet : le disque "Robert". C'est du tout bon. Je suis obligé de développer !? Pfff… Bon d'accord…
Après avoir sorti des disques en forme de fist fucking dans l'anus d'une perruche ("The Harder We Come" en 2009) avant de partir vers des aspects plus mâtures et couillus ("Unashamedly" en 2011), il nous tardait de l'avoir entre les oreilles ce cinquième album des gros d'Openightmare.
Qui plus est, ce disque se pose de lui-même comme une nouvelle ère, puisque c'est le premier à être enregistré sans le batteur et ami PierrO (aha !), parti vers d'autres horizons. L'ex tabasseur de fûts a été remplacé par Kmouille qui lui aussi tape très bien. Une page s'est tournée et ça fait un petit pincement au cœur quand même…
C'est donc armé d'encore un nouveau line up - il y a des changements de musiciens à chaque disque depuis "Pinks Of The Vintage" (2006) à croire que le groupe a la scoumoune - qu'Openightmare nous présente son dernier bébé et autant vous dire qu'on va en prendre plein les feuilles !
Je vous déclare mari et femme !
Et pan ! Ça part d'entrée de jeu avec "Robert Openightmare" qui sent bon l'haleine chargée du stoner. Le power trio nous avait déjà montré auparavant dans quelques morceaux de ces précédents disques son amour pour ce son grassouillet ("Just Behind", "Wall Of Pain" ou l'instrumental "Amazonia" sur "Unashamedly" et "Sweet End" ou "The Last Travel To Quiet Mountain" sur "The Harder We Come", si mes souvenirs sont bons…) ainsi qu'en concert, mais cette fois, "Robert" officialise cette union entre le punk rock d'Openightmare et le stoner qui va bien.
D'ailleurs le titre "Queen Of The Red Fang" est la marche nuptiale idéale avant l'entrée devant l'autel. Je vous laisse deviner qui sont les heureux témoins de ce mariage (contre ?) nature… Qui a dit Queens Of The Stone Age et Red Fang ?
Vous l'aurez donc compris, Openightmare abandonne certains de ses oripeaux punk basique pour nous sortir un son plus lourd, plus gras, plus crade… et on ne va pas s'en plaindre car ça colle à merveille avec l'univers distillé du power trio depuis deux ou trois ans en concert !
De plus l'alchimie stoner / punk passe à merveille l'épreuve du skeud et dévoile encore une nouvelle facette du trio toulousain franchement pas dégueulasse. A chaque disque sa nouvelle face(tte)….
Jouer comme un sourd…
Mis en boîte par le chanteur / gratteux Yoorwell aux Vegas Studios (là où sont récemment passés les plus grands comme les affreux-sales-vilains-moches-pas-beaux-boiteux de Molly McHarrel pour "(C'est) Mort Pour La Gloire" ainsi que les superbes-jolis-beaux-gosses-musclés-et-intelligents Desperate Fajitas pour "Demain C'est Aujourd'hui"), "Robert" possède une production brute de décoffrage, volontairement bordélique qui titille l'oreille.
Ainsi, le maître d'œuvre et mastermind chauve d'Openightmare a décidé de mettre en avant un son agressif et furibard au détriment du son plus rondouillet (pépère) d'"Unashamedly" ou de "The Harder We Come".
Mais loin d'être brouillon le son de "Robert" n'en reste pas moins redoutablement corrosif et ô combien maîtrisé. Il n'y a qu'à écouter des brûlots comme "Break Me Down" avec ses accents de feu Nevrotic Explosion dans le chant, "Lying In The Dead Grass" ou "Fuck Off The Mayas" pour comprendre là où les Toulousains veulent en venir : te faire avoir une descente d'organes avec un son à rendre fou plus d'un teuffeur sous acide (Alex, le bassiste, n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il règle ses potards à fond !).
Kinder Surprise.
Ceci étant, derrière cette orgie sonore (et sans doute sexuelle) distillée par les trois mâles en rut d'Openightmare, se trouvent des compositions plus finaudes qu'elles n'y paraissent de prime abord.
Ainsi, chaque titre semble posséder un univers qui lui est propre ("Dominik" ou "Les Corps" avec son chant en français) avec des ambiances sans cesse changeantes et accrocheuses ("3 Maidens", "Sharp Mind And Tormented Soul"). Et le tour de force du trio c'est d'arriver assez facilement à donner à cet album une belle homogénéité au travers des morceaux qui le composent. Même si les titres ne se ressemblent pas du tout, il y a une sorte de fil conducteur qui les lie à "Robert". Chapeau bas, messieurs…
Pour clôturer la galette, on aura droit à un "DIY 2.0", une version un peu plus musclée du "DIY" présent sur "Pinks Of The Vintage". Ça ne sert pas à grand-chose dans l'absolu mais ça démontre qu'Openightmare reste attaché à une éthique qui lui est chère depuis le début de son aventure.
Bien évidemment, plusieurs écoutes seront nécessaires pour véritablement apprivoiser la bête et capter ici et là les subtilités des rythmiques, des mélodies et même des arrangements. "Robert" c'est comme un Kinder Surprise, quoi.
Petite cerise dans l'emballage de cet œuf en chocolat, la bande des trois s'est payé le luxe de s'offrir un CD digipack ultra classieux avec livret inside et photos du groupe complètement dégueulasses (les mecs ils posent quasi à poil) originales qui collent à merveille avec l'ambiance générale du skeud.
Ces mecs-là sont complètement dégueulasses taillés comme des dieux grecs et raviront sans doute la gent féminine la plus dégueulasse et perverse qui soit. Vous avez de la chance les filles… ! Vous allez être aveugles !
Bon allez, assez fait le jacques : "Robert" témoigne une fois de plus de la haute ténue et de la créativité d'Openightmare qui ne cesse de nous étonner depuis quelques années, au fil de ses disques qui se renouvellent sans cesse (quelle montée en puissance depuis "Pinks Of The Vintage"). On ne sait pas encore si le power trio a maintenant pris son allure de croisière d'un point de vue artistique, mais l'Openightmare mouture 2014 en a dans le pantalon.
Ce disque ça sent la grosse burne suintante posée sur la gueule du monde entier ! "Vas-y Robert, c'est bon ! Vas-y Robert, c'est bon, bon, bon…"
Tracklist 1.Robert OpeNightmare
2.Queen Of The Red Fang
3.Les Corps
4.Dominik
5.Lying In The Dead Grass
6.3 Maidens
7.Fuck Off The Mayas
8.Break Me Down
9.Sharp Mind And Tormented Soul
10.DIY 2.0
Plus d'infos sur: openightmare.net
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